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Acte II, Extrait
Chapitre 25
Une seule question restait à résoudre.
Fallait-il lui laisser le temps du repos ? La laisser dormir ou la
réveiller. Si la femme qui avait partagé sa nuit
avait dû choisir, c’est dormir qu’elle voudrait. Seule possibilité pour rendre
à son esprit, encore émietté par la houle que le corps avait affrontée, la
capacité d’entendre ce qu’il avait de conversation, déjà répétée, maintes fois
répétée, à lui dire. Mais elle dormait toujours. Il était seul à pouvoir
décider.
Il allait donc la réveiller. De sa main
droite, dans un geste rapide, il couvrirait son buste et de l’autre main, une
fois assis dans le fauteuil qui d’ordinaire lui servait à entreposer les
vêtements du jour, ni propres ni sales, pouvant se reporter une nouvelle fois,
il imprimerait sur son épaule un léger martèlement.
Inutile de lui donner le sentiment d’un
réveil doux. Ce n’était pas le départ
d’une nouvelle traversée qu’il avait à taper mais la fin du voyage qu’il devait
signifier.
En entrant dans la chambre son œil
mesura la distance qui séparait l’endroit où sur l’oreiller sa tête reposait,
du siège qu’il allait occuper. Elle devait être suffisante pour la
tenir éloignée de lui, mais pas trop grande non plus, afin qu’il puisse
profiter de la hauteur que lui donnait l’assise. La mettre en position d’écoute
était le plus sûr moyen pour raccourcir l’instant.
Elle ouvrit les yeux dès la première
pression de ses doigts sur sa peau. Les referma le temps d’un sourire. Puis
releva ses paupières et l’observa pendant qu’il s’adossait. Elle balaya la pièce du regard,
repérant avec l’exactitude du stratège, la place où se trouvait depuis la
veille chacune de ses affaires. Et alors qu’il finissait à peine de
s’installer, ramenant une jambe sur l’autre, elle quittait déjà la pièce, un
amas de linge dans les bras.
-
- Je
prends une douche et je pars, lui lance-t-elle.
C’est
peut-être son absence de réponse mais elle se retourna, recula d’un pas, et
d’une voix lente, qui restait plaisante malgré le ton ferme qu’elle imposait,
continua :
-
- J’ai
rendez-vous avec une amie. Je ne voudrais pas qu’elle m’attende. Toi et moi
c’était bien mais... comment te dire ? Bien voilà, je préfère que nous en
restions là. Ne m’appelle pas. D’accord ? C’est ce que tu voulais
peut-être aussi me dire depuis ton fauteuil, non ?
J’étais
cerné.
Elle
m’avait deviné.
Mais
depuis quand ?
Ni roman, ni pièce de théâtre, ni
recueil de poésie : l’auteur éclate les genres, les mêle, et reconstruit
une œuvre atypique dans laquelle on chemine avec bonheur, croyant parfois s’y
perdre, tout en s’y retrouvant, allant vers l’essentiel, la rencontre de
l’Autre.
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